La critique
Les réactions du public
Erwin TRUM est à l’évidence un grand artiste : celui qui sait unir une technique irréprochable et neuve à une imagination qui ne connaît pas de limites.
Jean Luc CHALUMEAU - Historien de l’art, critique d’art, écrivain - 15 novembre 2005
Il serait réducteur de prétendre que les toiles d’Erwin TRUM sont abstraites, car son utilisation de la matière, de la ligne, de la couleur, ne sont pas là pour se satisfaire elles-mêmes. Œuvre traditionnelle, par le choix des supports (toile, bois), des outils (pinceaux), et de la technique (tempera) utilisés, mais encore en s’affirmant manifestement à travers l’héritage des siècles de peinture, elle n’en est pas moins impliquée incontestablement dans la pensée Contemporaine, au-delà des modes. Réminiscences culturelles en effet, tissu de références et de symboles, dont la synthèse baroque produit l’identité et l’originalité de sa peinture, nous faisant découvrir des atmosphères empreintes de SPIRITUALITE (Essence de la peinture). Une œuvre intimement « septentrionale » dont l’authenticité se révèle par sa luminance, par la somptuosité et la transparence de ses couleurs. Rêverie, exaltation, poésie courtoise, passion… Un mot pour le définir : ROMANTISME. Ses savantes détrempes distordent d’insondables situations. A chacun d’y mesurer ses propres limites.
Véronique FABRE - Journaliste, critique d'art - 21 novembre 1987



Il y a du miniaturiste et de l’enlumineur chez Erwin TRUM. Mais comme Altdorfer a pu peindre l’idée de la forêt, TRUM peint l’idée de féerie, l’idée du songe, l’essence des légendes.
Véronique FABRE - Journaliste, critique d'art - 6 mai 1991






Trum, figure emblématique des nuits de Metz, poète, soiffard, philosophe, un artiste comme dans les livres, Trum a réussi à dépasser bien des souffrances pour inventer sa peinture de l’esprit, où les bateaux, les bataillons, les draperies, les anges que l’on croit voir ne sont que nos projections mentales, des images pieuses auxquelles on veut se raccrocher.
André FABER - Ecrivain, illustrateur de presse - La semaine - 14 avril 2005
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Erwin TRUM a appartenu au club des vivants, tellement habité par ce désir de vie qu’il refusait d’enfermer une partie du monde dans un sujet et un cadre. Il cherchait simplement, humblement, dans chacune de ses toiles à rendre compte du chaos général qui l’inquiétait tant. Tentatives obstinées pour lui donner un début de forme, manière aussi pour lui d’organiser un peu sa révolte. Mais la question du sens l’habitait peu. Il refusait, pour s’y être frotté durement, les grands systèmes d’explication du monde. Son œuvre est le récit, assez pur, d’une destinée très humaine, la sienne.
François ERNENWEIN - Rédacteur en chef - La Croix - Mai 2005






TRUM qui posait comme a priori que la peinture n’est pas seulement image mais signes, avait trouvé dans le style qui fut le sien plus qu’une simple manière de s’exprimer, le catalyseur de ses émotions. Un langage pétri et modelé par une imagination constamment inventive et d’un naturel dispensateur de féeries. Tout cela ne serait rien s’il ne s‘était ajouté le « souffle poétique », et cette indéfinissable alchimie d’ombres mouvantes et de couleurs qui ont profité à toute son œuvre, édifiée contre le temps et bien faite pour lui résister.
André GREINER - Journaliste - Critique d’art - 18 avril 2001

Quand l’œil s’aiguise aux peintures de TRUM, il se tapisse de la vision enchantée de tableaux d’Altdorfer, Cranach ou Grunewald, de Bosch aussi. Mais quand l’on écarte ces fortes images qui se lèvent dans notre mémoire, on voit que TRUM n’a pas représenté la bataille d’Alexandre et de Darius à Issos, qu’il ne figure rien, qu’il n’y a que taches de couleurs, ce qui, après tout, est la définition ultime de toute peinture. Alors d’où vient cette magie véritable, qui fait qu’on voit ce qui n’est pas montré, qu’on voit l’invisible ? TRUM aurait-il renoué avec la tradition des icônes où la Présence est manifeste par-delà la représentation ?
Véronique FABRE - Journaliste, critique d'art - 6 mai 1991.








Il est truculent et secret, joyeux et anxieux, actuel et ancien. On ne finit jamais avec Erwin Trum de jouer avec les contradictions, des plus flagrantes aux plus mystérieuses. Ce peintre, à l’œuvre belle comme un chant grégorien, une cathédrale gothique ou une enluminure moyenâgeuse s’affirme bien de son temps par sa révolte contre les modes, les courants, les tabous et pourtant… Pourtant, Erwin Trum avec son souffle d’humaniste, ses transpositions abstraites, sa culture malaxée par des civilisations qui se heurtent et s’entrechoquent, existe avec une originalité, une identité qui n’appartiennent qu’à lui. Les atmosphères sont intérieures, intellectualisées et, pourquoi ne pas le dire spiritualisées !
Odile Le BIHAN - Journaliste, critique d'art - Février 1982

Comme un Athanor avide, Erwin Trum traite l’alchimie de ses inspirations et nous les rend accessibles. C’est un des mystères qui entoure l’artiste que la façon dont il sait rendre l’expression contemporaine immédiatement intelligible à chacun. De loin ses toiles ressemblent à des icônes Russes ou des peintures de la renaissance. Ici on voit la chute des damnés du Jugement dernier de la chapelle Sixtine ; Là, c’est une nativité de Matthias Grünewald ; Là encore, on croit voir le Jardin des délices de Jérôme Bosch ; Des esquisses de Dürer ou de Léonard de Vinci. C’est en se rapprochant que l’aspect contemporain reprend le dessus. Etrange dichotomie de l’émotion. Rencontre fulgurante entre un artiste et une tradition culturelle ; Symbiose cruciale entre passé et modernité.
Jean-Pierre COUR - Journaliste, critique d'art - 2002


Sa grande carcasse d’homme et son regard rêveur d’enfant, ses mêches blondes indisciplinées, ses nuits et ses jours consacrés aux aventures d’une vie de combattant, de journaliste, d’artiste à des degrés divers et dans des proportions variables. Croiser Erwin Trum pendant les longues années de son séjour messin n’était pas de tout repos, ou du moins anodin. L’homme savait écouter et s’intéresser vous obligeant à aller au fond de vos propres pensées. Et c’est un sentiment du même ordre que l’on éprouve devant ses toiles, devant une œuvre qu’il ne mettait jamais en avant. Taches de lumière, essaims de personnages suggérés, esquisses de bâtiments ou de coupoles imaginaires… Les peintures d’Erwin Trum invitent à se poser un instant, à devenir immobile pour laisser l’œuvre bouger en vous.
Jean-Pierre JAGER - Fondateur du journal La Semaine - 2016



TRUM connaît trop les ars moriendi et la nef des fous de Brant, publié à Strasbourg en 1494, illustrés avec des gravures de l’auteur et de Dürer, pour ne pas avoir exploré toutes les aberrations des sens, à commencer par la folie. L’art roman et l’art gothique assimilés, les flamands aussi, ainsi que Schongauer et les peintres rhénans, Trum a fait sienne une expression complexe et riche en récurrences. Ses portraits, peintures sur bois et travaux sur papier, traduisent, jusqu’au paroxysme, son sens ravageur de la dérision. Les rictus de Trum dissimulent à peine une sensibilité d’écorché vif. Le soin si méticuleux apporté à la matière renforce la férocité du tendre message de Trum. Message évoqué, message suggéré ; Chacun le reçoit à sa propre mesure.
Odile Le BIHAN - Journaliste, critique d'art - Février 2000



Explorateur de la mémoire collective d'une génération d'européens, Erwin Trum était pudique et réservé. Il était passionné par l'histoire de l'art et la quête du Sens. Il parlait de lui avec retenue, usait de la dérision et contrairement à beaucoup de plasticiens il montrait peu. Prudence devant la critique ? Besoin de se préserver ? Envie de choisir ceux à qui il se donne à voir ? Peut-être y avait-il de tout cela dans son attitude, mais aussi certitude de peindre différent, d'être profondément original. Au cours de son trop bref parcours d'artiste, Erwin a exploré les tréfonds de l'âme humaine. Utilisant les images de l'histoire et les questionnements du temps, il affranchissait son acte créatif des résidus du passé avec la liberté que lui donnait une conscience assumée. En s'inscrivant dans une ligne qui suit un certain nombre de règles, la peinture d'Erwin nous offre des perspectives insoupçonnées qui imposent désormais une relation conjuguant fascination, fantasme, décomposition, recomposition et amour. Les ensembles sur bois dont j'ai pu voir la lente élaboration exigeaient patience et travail. En dépit du temps ils surgissent toujours avec force et expressivité, comme une présence singulière et immédiate. Repérés et identifiables du premier coup d'œil, ils s'ouvrent à tous les sens.
Gabriel DISS - Conservateur du musée Georges de la Tour - Décembre 2003










Erwin Trum est un peintre qui comme son œuvre, est riche de multiples facettes. A l’image d’un continent aux sources culturelles composites, Erwin Trum est au carrefour de différentes identités. C’est à Metz qu’il produira son œuvre, cette peinture classique et novatrice à la fois, difficilement qualifiable car si singulière : Ses tableaux sont un vrai lien entre l’art d’hier et d’aujourd’hui, le creuset de multiples sources picturales européennes. Les termes ne manquent pas pour décrire cette œuvre peu connue, qui pourtant ne peut laisser indifférent lorsqu’on a eu la chance de l’admirer.
Gérard LONGUET - 2011
Président du conseil régional de Lorraine - Sénateur - Ministre

Il aurait pu devenir philosophe, physicien, musicien, mais l’histoire en avait décidé autrement : il avait tout juste quatre ans quand Hitler arriva au pouvoir et il se souviendra toute sa vie de la marée nazie qui défila dans la Nimphenburgerstrasse à Munich, la nuit du 30 janvier 1933. Ils portaient tous des torches et cette retraite aux flambeaux, les chants des milices nazies avaient effrayé l’enfant, comme s’il pressentait que de cette victoire sortiraient douze années de souffrances et de destructions, et une tache indélébile sur le nom allemand : Auschwitz. A dix-sept ans, Erwin Trum fuit l’Allemagne post-nazie, écrasée, écrabouillée, libérée où il était devenu impossible pour une jeune conscience de regarder sans honte ce que Hitler et des dizaines de milliers de membres du parti national-socialiste avaient fait de l’héritage de Kant, Goethe, Hegel, Mozart, Beethoven, etc. Nous devions parler d’un peintre et voilà que nous parlons histoire et philosophie ! C’est nécessaire. Parce que la peinture d’Erwin Trum est une peinture de philosophe, une peinture de physicien, une peinture de musicien, une peinture d’historien. Je ne vais pas raconter l’histoire du peintre et de sa peinture, je vais seulement dire que tout cela se trouve dans sa peinture. Il n’est pas besoin de connaître un mot de philosophie ou d’histoire, pour sentir que les forces à l’œuvre dans tel ou tel tableau viennent des profondeurs de l’Allemagne. De l’Allemagne des grands esprits et des grands artistes.
Roger WILTZ - Journaliste, critique d'art - Février 2002




Voici un art d’une beauté à la fois hiératique et explosive ; une peinture conciliant ce qu’on croyait inconciliable ; le grouillement et la pose, l’ordre et le chaos, le figuratif et l’abstrait, l’ancien et le moderne. Ces impressions que nous livrent nos sens, Trum les a dépassées, fondues, rendues vaines, comme pour dire qu’au fond tout cela n’a guère d’importance, et que la vérité est ailleurs : non pas dans les tableaux, mais dans le regard de celui qui les a peints. On dirait que Trum a fait la synthèse de tout ce qui a été peint par le passé, en y ajoutant son commentaire personnel : en injectant l’ironie dans les sujets les plus graves, le doute dans les évidences les plus nettes.
Richard SOURGNES - Ecrivain - Journaliste - 2002





Ses derniers dessins furent le miroir intérieur de son ultime combat et de son art tout entier. Pathétiques et beaux, universels. Entre Bacon et Giacometti, Cranach, Dürer, explorant le territoire de la souffrance et du dépassement de soi, vers ce quelque chose qui serait l’art. Cette trace pour questionner, durer, transmettre. Cet espace dans lequel l’artiste est confronté à toutes ses émotions, pour traquer un accord universel, donner du sens. S’il y en a. Sur le papier, c’est son propre reflet qu’Erwin triture, torture. Avec lucidité, ironie, un goût du paradoxe qui était le sien, dans le trait comme dans le verbe.
Francis KOCHERT - Grand reporter, critique d'art - Mai 2001



La peinture d’Erwin TRUM appelle une contemplation. L’âme, un peu effrayée, se plonge pourtant avec volupté dans un infiniment petit où les couleurs ne sont plus des couleurs, mais la matière touffue d’une vie en balbutiement, puis s’élève, dans le même mouvement, à l’immensité du ciel, des étoiles, de l’univers. Si l’on cherchait des mots, l’on se souviendrait de ce passage de la genèse qui essaie de décrire « l’esprit planant au-dessus des eaux ».
Roger WILTZ - Journaliste, critique d'art - Novembre 1987

C’est une vision hantée de l’univers, sa vision d’une traversée mouvementée de son temps qu’exprimait Erwin Trum, creusant les visages, les questionnant jusqu’à en extraire une expression mêlée de stupeur autant que d’ironie sur le sens de la vie, la déraison d’être. Ses peintures reflètent un tourment, une exaltation allant du classicisme baroque, ses ors, ses pourpres, à l’action painting instinctive d’un Pollock. Singulière superposition par strates de l’acquis et de l’inné, vaste carte d’une exploration qui est celle, d’un peintre n’ayant eu d’autre choix qu’inventer, innover, questionner la surface pour faire émerger le fond.
On sait de TRUM qu’il est parvenu à un tour de force artistique inouï, à savoir briser les frontières visuelles entre abstraction et figuration.
Francis KOCHERT - Grand reporter, critique d'art - 5 juin 2005 et 30 octobre 2005


Journaliste 25 ans durant au Républicain Lorrain, Erwin Trum fut pour nous qui l’avons connu et côtoyé à ses débuts, ce chapardeur de couleur à l’usage d’amis triés sur le volet. Des compagnons de la nuit qu’il entrainait souvent dans son atelier, rue Chatillon à Metz, où il pouvait s’adonner sans réserve à l’ivresse des mots avant de colorer ses mélancolies amusées dans les reflets de fumée de ses havanes. Il lui arrivait parfois, à certaines heures pâles de la nuit, de faire chanter ses blessures. Marqué à la fois par Jérôme Bosch, Jacques Callot et Victor Hugo, Erwin Trum avait un génie singulier et un sens narratif inépuisable, au sens pictural du terme. Bien qu’abstraites, ses toiles très élaborées comme autant d’incantations colorées, rapiécées avec les lambeaux du rêve, avaient le mérite d’être « lisibles » et se distinguaient fortement par des références à l’astrologie, à la sorcellerie, à l’alchimie, au mysticisme. Ce qui présuppose une connaissance des grands maitres allemands de la gravure, de l’enluminure et de la miniature. Homme libre, homme debout, en perpétuel combat contre les assauts de la pensée, Erwin Trum était aussi un artiste engagé qui fustigeait cette civilisation, la nôtre, où les faiseurs d’image et les bruiteurs tiennent malheureusement le haut du pavé.
André GREINER - Journaliste - Critique d’art - 2011


La peinture d’Erwin Trum se regarde et… s’écoute. Peut-être parce que Trum peint toujours la nuit en écoutant de la musique, on ressent aussi devant ses toiles la gravité d’un requiem, la rigueur d’une chacone, la colorature d’un lied. L’âme, étourdie, éblouie, se laisse porter par cette musique nouvelle, qui vient pourtant du fond des âges, et s’arrête sur une note, magiquement placée là où il faut, ou bien sur un silence…
Frédérique GACHET - 1993



En fait ce qui compte le plus chez ce peintre qui a été précipité dans la peinture il y a vingt-cinq ans, c’est la puissance interne. Celle que l’on devine lorsqu’il semble nous dire : « vous ne voyez pas ma pensée ? ».
André GREINER - Journaliste - Critique d’art - Juin 1983
C’est une vraie peinture, un artiste confirmé. Avec Trum on est dans un langage qui plonge ses racines dans l’héritage pictural de l’Europe.
Christine RAFFIN - Directrice de l’Arsenal - Metz
A regarder la richesse de l’œuvre d’Erwin Trum, on ne peut que supposer que cet homme a vécu plusieurs vies, commençant dans la douleur morale, finissant dans la douleur physique avec entre les deux une œuvre humaniste.
La Tribune - 2005



Il y a un an et demi je rencontrai le peintre Erwin Trum, par l’intermédiaire de Roger Wiltz, journaliste. Cette rencontre surprenante d’un homme et de sa peinture se déroula la nuit dans son atelier de la rue Mangin. Il était situé au dernier étage d’un immeuble du début de siècle, on y accédait par une sorte d’antichambre qui ouvrait sur une enfilade de pièces mansardées. Rien ne distinguait les pièces l’une des autres, si ce n’est quelques meubles, qui établissaient un semblant d’ordre et de fonction, le coin cuisine et repas, celui du repos avec un matelas posé par terre ; pour le reste, tout semblait envahi par les peintures, une multitude de peintures accrochées ou en cours d’achèvement, posées sur des tables ou adossées aux murs. Il y avait l’odeur du vernis, la haute stature d’Erwin campée au milieu de ses toiles, de ces innombrables panneaux de toutes tailles qui brillaient dans les épaisseurs transparentes de leurs couleurs terriennes. Au-delà du choc, ce fut une adhésion quasi immédiate à cette peinture, à cette vie, à ce fourmillement, où se reconnaissent les lignes de force qui trament un style.
Bernard BLOCH - Cinéaste - Réalisateur du film Monsieur Trum - 1983



D’une enfance tumultueuse dans les années troubles de l’Allemagne et les tourments de l’histoire, Erwin Trum a nourri ses multiples chemins d’art. A la croisée des ses identités, il offre une œuvre riche de multiples facettes, mêlée de traditions classiques et de compositions novatrices. Si la figuration transperce parfois ses peintures, c’est le plus souvent l’abstraction qui s’impose et triomphe, une abstraction riche de couleurs et de formes. Des scènes épiques qui semblent, au premier instant, désordonnées sont pourtant très construites. Des portraits d’ombre se diluent dans un imaginaire de l’au-delà : Le mythe d’Orphée revenant des enfers. Dürer, Dante, parmi d’autres, ne sont pas très éloignés des diverses inspirations qui l’ont accompagné. Erwin Trum, un humaniste et un poète.
Jean Luc BOHL - 2016
Maire de Montigny-les-Metz - Président de Metz Métropole

Le regard est happé par l’imaginaire que les tableaux de Trum font surgir, hypnotisé par leur récit qui soudain prend forme. La déconstruction apparente qui donne à l’œuvre son caractère se fait l’aveu d’une vérité plus profonde : la puissance de la création. Trum peignait la nuit, pour confier les agitations de son âme à ses toiles. Une âme troublée par une sensibilité qui cherche la paix là où elle ne peut que se heurter au propre de sa nature: ressentir, vivre, penser et créer dans l’intensité. Trum a pour ses sujets de la compassion, teintée d’une pointe d’ironie. Il y a matière à sourire, à espérer et désespérer aussi : Erwin Trum peint l’Etre et la Vie sans avoir la prétention ni même l’intention d’en percer les mystères ; il leur laisse leurs secrets vaniteux, et, en attirant plutôt l’attention sur l’évidence, suggère tous les à-côtés.
Monique SARY - Conseillère à la culture - 2016




Œuvre majeure cherche reconnaissance. On pourrait ainsi résumer la situation singulière dans laquelle se trouve l’exceptionnelle production du peintre messin Erwin Trum, disparu en 2001, et dont les œuvres seront exposées à l’Orangerie du Sénat à partir du 24 août. L’homme était discret, exigeant, totalement étranger aux acrobaties mondaines qui prévalent dans le monde de l’art. Il faudra donc compter sur le temps et les efforts de ses proches - sur l’intelligence des amateurs aussi - pour que trouve sa juste place une inspiration unique, baroque, chatoyante, féroce, chaotique. Les qualificatifs pourraient s’additionner à l’envi tant l’énigme de cette peinture-là est saisissante. Pour parler de Trum, on convoque volontiers les Maîtres anciens, Jérôme Bosch découvrant l’abstraction. Vrai que l’ancien journaliste qui peignait la nuit propose des passerelles inédites entre les époques. Ses chaos de couleurs suggèrent des foules, des villes, des batailles, des cascades. Ses ciels qui n’en sont pas roulent des orages d’or et de feu. L’exposition parisienne à venir hâtera-t-elle pour lui l’heure d’une inévitable consécration ? On le souhaite ardemment.
Michel GENSON - Journaliste, critique d'art - Août 2011



Le visiteur qui se hasarde entre les œuvres exposées à l’Arsenal s’avise très vite qu’il navigue à la rencontre d’une tranche de vie. Et quelle existence ! Celle d’un artiste étrillé par son siècle et les drames qui l’ont déchiré, mais en même temps celle d’un homme résolu à se maintenir mentalement debout face aux totalitarismes et aux oppressions. Deux plaies de ce XXème siècle, dont Erwin Trum était exactement l’enfant. Fils d’une Bavière catholique mise au pas par le nazisme triomphant, Erwin ne s’est jamais remis de la pression exercée sur sa jeunesse par ce mouvement de haine. A 18 ans Erwin a quitté son pays pour éviter d’y étouffer. Il s’engage 5 ans à la légion étrangère en Indochine. Je me souviens de son appartement - atelier de la rue Chatillon. Un rez-de-chaussée d’un immeuble XVIIIème siècle, où derrière les barreaux de protection Erwin créait cette peinture d’une totale liberté. C’était un univers étonnant et contradictoire, à partir duquel l’artiste jetait un regard désabusé sur le monde. Plus tard encore c’est la lumière du midi qu’il a rejointe, qui est venue éclairer sa production. 150 œuvres, toiles, tapisseries et dessins accrochés aux cimaises de l’arsenal racontent ce parcours d’un homme vers la liberté. Mais quelle force lui a-t-il fallu pour se dégager de la glaise d’une époque mortifère. A méditer.
M.G - Le Républicain Lorrain - 2005

