Erwin Trum
LES PORTRAITS
1993 - 1996


Il faudrait casser le miroir pour ne plus voir ma tronche. Ma tronche qui regarde ma tronche qui regarde ma tronche et qui ne bouge pas. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Et comment être sûr que cette tronche qui me regarde est bien la mienne ? Dois-je appeler un voisin au secours ? Inutile. Les musées sont pleins à craquer d’autoportraits de toutes sortes. Mais qu’est-ce qu’ils me disent sur les propriétaires de ces visages ? Rien ! Absents pourtant là quand même. Donc si cette tronche est bien la mienne rien ne prouve qu’elle est à moi-même. En tout cas cela mérite une réflexion.










Quand tu fais un portrait, autoportrait ou le portrait d’un autre, c’est toujours une interrogation de l’homme sur lui-même, sur la réalité humaine ou sa finalité si on peut dire.




La vie ne tient qu’à un fil. A l’esprit il faut déjà une corde.





Un homme qui meurt la bouche ouverte n’est pas une preuve qu’il est mort de faim.








Le drame des peintres est qu’ils finissent tous à ressembler à leur propre caricature. Prémonitions ou malveillance ? Peut-être simplement autoportrait qui se passe de modèle.

Rien de tel qu’une toile blanche, une feuille vierge pour révéler la nudité de l’homme. Le vide c’est le miroir. Le vide c’est le début de l’autoportrait. L’obsession de remplir. D’abord, se remplir soi-même.




Tout compte fait la femme ne serait jamais plus qu’un produit industriel défini par l’homme ?







La mémoire est courte . Le souvenir est long.








Je pense donc je suis. L'insupportable idée d'être ce que je ne suis pas.





A travers l’autre, on s’admire finalement soi-même. Ce qui ramène le sens de la physique à un court-circuit.









Une corvée céleste après la mort : Chacun fait ce qu’il voudrait.




La vie des hommes, la vie des artistes ? C’est comme dans le livre de Job. Il faut enculer le bon Dieu.
