Erwin Trum
PERIODE ROUGE
1983 - 1987


Quand j’étais légionnaire en Indochine (47/52) j’ai quand même eu la chance de risquer ma peau et je m’en suis sorti vivant. J’ai vu ce qu’est la mort, je connais les gars qui sont crevés, je sais personnellement ce qu’on ressent quand tu es en train de crever. Si vous êtes face à face avec la mort, si vous avez la chance de crever d’une minute à l’autre et vous voyez les autres qui tombent et qui crèvent à coté, votre attitude sur la vie change. Ceux qui n’ont jamais fait l’expérience de la mort immédiate ne savent pas ce qu’est la vie immédiate.




Le
comportement de l’homme devant l’inconnu, la nature, les cataclysmes, ou sa
faiblesse devant la nature ça se retrouve partout. Une civilisation a
finalement une certaine coloration, mais le fond commun il est là. A mon avis
il est universel. Et pour moi un critère de l’art c’est que tout le monde se
retrouve dedans. Que les frontières linguistiques, intellectuelles soient
abolies. Un langage universel, pas une espèce d’espéranto, mais vraiment aller
vers ce qu’il y’a de plus profond chez l’homme. Et je crois que le plus profond
chez l’homme, paradoxalement c’est toujours la religion. Même si on le renie,
elle est là. C’est l’homme devant la grande inconnue, devant la grande menace,
sa nudité extrême devant la mort.






J’adore les théories, le formalisme, les dogmes et
l’esthétisme comme un chauffard sur les passages cloutés !








En 1933 j’avais tout juste quatre ans, à Munich, et j’ai assisté aux premières loges à la prise de pouvoir d’Hitler. La prise de pouvoir d’Hitler c’est pour moi une image permanente dans la mesure où je me méfie de la foule depuis. La foule c’est pour moi quelque chose d’irresponsable et de menaçant.







L’art n’est pas l’ouvrage et l’ouvrage n’est pas l’art, mais l’expression pratique dévoilant l’auteur, sa vérité, sa réalité.








L’art, c’est quoi ?
Si on admet l’ignorer, on se ferme la porte d’entrée.
Quand on affirme le connaître, on s’enferme à l’intérieur.



L’homme savait écouter et s’intéresser vous obligeant à aller au fond de vos propres pensées. Et c’est un sentiment du même ordre que l’on éprouve devant ses toiles, devant une œuvre qu’il ne mettait jamais en avant. Taches de lumière, essaims de personnages suggérés, esquisses de bâtiments ou de coupoles imaginaires… Les peintures d’Erwin Trum invitent à se poser un instant, à devenir immobile pour laisser l’œuvre bouger en vous.
Jean-Pierre Jager - 2016






Le rythme incantatoire de Trum fascine, envoûte, sans que l’on soit tenté de démontrer son mécanisme. D’ailleurs il n’y a pas de mécanisme, pas de système chez Trum, mais une technique de peinture à l’œuf retrouvée et des visions fragmentaires qui forment d’immenses étendues. Rien ne se chiffre, tout se devine, s’élabore autour d’idées personnelles, autant de carrefours de civilisations, de courants picturaux et de poésie sous-jacente. Avec une force démultipliée par les générations précédentes, Erwin TRUM partage un lyrisme dantesque, accroché au cœur même des choses et des êtres. Toutes les mémoires présentes animent l’œuvre de Trum et lui donnent une permanence qui ne relève ni de l’anecdote ni des modes.
Odile Le Bihan - 1984






Je crois à l’éternité de l’art comme à l’avenir des fausses dents.






Après une discussion entre artistes sur la fonction de peintre et la peinture. Conclusion : C’est dans la plus grande liberté de l’artiste que finalement se résume l’esclavage le plus perfectionné.






Tout est hasard et en même temps nécessité. Les deux s’incluent si on peut dire.





Dans ma jeunesse, le fait de n’être rien et de ne rien devenir, me paraissait plus facile à supporter que l’oppressante perspective de devenir, par pression pédagogique ou sociale, ou par simple envie de réussite, quelqu’un ou même « Quelque chose » ; Je ne voulais pas vivre dans le perpétuel besoin de fourrer un sens dans les choses qui n’en n’ont pas.
Peindre pour écarter toute pensée…




En fait, il n’y a que le désir de rester stable qui se révèle à la longue être le plus déstabilisant.
Je crois que cette calamité est peut-être la seule réussite de ma vie.





