Erwin Trum
DESSINS
1957 - 1997

Ce qui m’a toujours chatouillé quand on dessine quelque chose, c’est figer une forme fixe. J’aime bien Matisse, j’aime bien par exemple les portraits que faisait Matisse, c’est très net, c’est la courbe presque idéale, mais pour moi c’est un peu maigre tu vois. Evidemment c’est une très grande économie d’énergie et de moyens mais je crois que ça se joue au détriment d’une espèce de sensibilité. La sensibilité de Matisse est pour moi une sensibilité trop abstraite n’est-ce-pas, pour moi il me faut une approche charnelle si on peut dire. Finalement tous les traits, les coups de pinceaux sont des caresses de l’espace, la caresse de la réalité si on peut dire. Je ne le prends pas avec des mains brutes comme un sculpteur ou un forgeron qui forge son truc avec un chalumeau. Je dessine presqu’avec une grande plume, très tendre…








Par le dessin, par exemple le portrait parce que le prochain c’est toujours la grande inconnue, toi-même tu es la grande inconnue pour toi-même, alors le dessin c’est une approche vers la réalité extérieure, vers son environnement, que le monde devienne moins abstrait mais plus tactile. Le dessin ou la peinture, comment dirais-je… Ce n’est pas une prise de position sur un espace que tu dois travailler selon certaines règles de la peinture, de l’esthétique ou comme on veut. C’est plus ou moins la recherche d’une connaissance de la réalité… Un pas en avant, ne pas rester là en tant que spectateur immobile qui ne participe à rien, mais saisir la réalité et de participer en même temps, pénétrer dans les choses.










A l’époque (Années 50/60) j’aimais surtout les dessins de Giacometti. Seulement le dessin de Giacometti est beaucoup plus giratoire. Je faisais ça pendant le travail, quand j’étais barman, pendant les heures creuses ou entre deux whiskys.















Ce qu’on trouve dans mon dessin finalement, ce n’est qu’une forme d’écriture. Au lieu de me limiter à un alphabet romain, contemporain accessible à tout le monde, avec sa codification pour tel ou tel mot, je fais des signes, une écriture imaginaire.








Ses derniers dessins furent le miroir intérieur de son ultime combat et de son art tout entier. Pathétiques et beaux, universels. Entre Bacon et Giacometti, Cranach, Dürer, explorant le territoire de la souffrance et du dépassement de soi, vers ce quelque chose qui serait l’art. Cette trace pour questionner, durer, transmettre. Cet espace dans lequel l’artiste est confronté à toutes ses émotions, pour traquer un accord universel, donner du sens. S’il y en a. Sur le papier, c’est son propre reflet qu’Erwin triture, torture. Avec lucidité, ironie, un goût du paradoxe qui était le sien, dans le trait comme dans le verbe.
Francis KOCHERT - 2001






Un dessin bien campé. Une expression souvent entendue. Et dire que « Un cul bien rond » est un raffinement de l’esprit à côté. Quelle perversité dans le regard de celui qui ne croit qu’à ses yeux. Mais aussi quel aveu de déchéance.







Art, Science, Religion :
Dans les pièges des parenthèses indécidables, nous regardons les ornements de la parole.







Le narcissisme est une maladie qui se soigne mal, mais elle possède cet avantage qu’elle vous montre la poussée des rides avant que votre entourage le remarque. Être un mort en avance, cela aussi fait partie des gaietés de la vie. La vanité peut rendre curieusement modeste.



C'est ainsi
On ne vit qu'une fois, c'est dommage
On ne meurt qu'une fois, ça rassure









Le droit de l’individu de disposer de son corps et l’institut de conservation sont deux notions aussi complémentaires que contradictoires.


















Avec l’invention de l’écriture, le silence est un ornement















Le portrait, le portrait des autres, ça m’a toujours plus ou moins attiré. Déjà quand j’étais à l’école en Autriche je dessinais très souvent le portrait de Nietzsche. Parce que primo il avait une gueule à dessiner, et aussi parce que j’ai commencé à lire Nietzsche à l’âge de treize ans. « La généalogie de la morale » une œuvre très difficile, mais aussi des œuvres plus faciles d’accès de Nietzsche, ça m’a toujours intéressé.















